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Ouverture du Forum global sur la migration et le développement à Marrakech : Driss El Yazami, « La bonne santé démocratique d’une société se mesure aussi et surtout à la capacité d’accueil de l’autre »

En participant à l’ouverture du Forum global sur la migration et le développement (GFMD),  c’est la voix de l’ensemble des institutions nationales des droits de l’Homme (INDH) de par le monde, devenues désormais des acteurs à part entière du système international des droits de l’Homme, que le président du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Driss El Yazami a voulu faire entendre.

D’abord pour lancer « un appel aux Etats et exhorter, une fois de plus, ceux qui ne l’ont pas fait encore, à ratifier la Convention internationale sur les travailleurs migrants et les membres de leur famille ». Lors de la célébration du 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH), il est pour le moins paradoxal, souligne M. El Yazami, que  « les Etats qui se réclament le plus de l’universalisme et qui défendent vigoureusement la non discrimination envers toutes les catégories de victimes, et ils ont raison de le faire, oublient soudainement cet attachement aux valeurs lorsqu’il s’agit des migrants, et notamment ceux en situation administrative irrégulière ».

Abondant dans le même sens, le président du CNDH affirme que « le droit souverain des Etats de contrôler leurs frontières, que nous ne contestons nullement, ne les exempte pas de leurs obligations de respecter les droits fondamentaux de tous les migrants, quelle que soit leur situation au regard des lois sur l’entrée et le séjour. Le contrôle des frontières ne cesse de prendre de l’ampleur, de s’universaliser. A nous tous d’universaliser les droits fondamentaux des migrants, de tous les migrants, quels qu’ils soient et où qu’ils soient ».

Tout en affirmant suivre « avec inquiétude et parfois avec effroi, la tonalité que prend le débat dans plusieurs pays sur les étrangers, le développement des discours de la haine et du rejet et les gains électoraux qui en résultent », Driss El Yazami considère que « ces  discours menacent les fondements mêmes des sociétés démocratiques en installant la peur, la méfiance et la xénophobie, d’abord contre le « clandestin », puis, très rapidement, insidieusement, contre le compatriote pour peu qu’il soit d’ascendance étrangère, réelle ou supposée, d’une autre couleur, une confession différente, une culture qu’on décrète inassimilable ». Alors, disons le aujourd’hui plus vigoureusement qu’hier, a-t-il poursuivi, « la bonne santé démocratique d’une société se mesure aussi et surtout à la capacité d’accueil de l’autre. Il n’y a de société réellement démocratique qu’ouverte et hospitalière ».

Demeure par ailleurs le défi d’une  bonne insertion socio-économique. Un chemin qui n’est pas aisé, comme le démontre l’histoire de l’immigration dans le monde, précise Driss El Yazami. Le premier réflexe pour la société qui accueille « peut être la peur, la méfiance, l’incompréhension. Pourquoi se risquer à faire une place au nouveau venu, alors que nous avons si peu à partager ? » C’est dans ces conditions, et avec des opinions publiques parfois méfiantes, que nous devons faire le pari de l’hospitalité et de la raison, a-t-il précisé.
« En étant inhospitaliers, nous risquons au fond de perdre notre humanité même et de rater d’extraordinaires occasions d’enrichissement », a-t-il conclu.

Il convient de rappeler qu’à l’occasion de la tenue au Maroc du Forum global sur la migration et le développement (GFMD) et de la Conférence intergouvernementale pour l’adoption du Pacte global sur des migrations sûres, ordonnées et régulières (GCM), Le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) organise et prend part à plusieurs rencontres et activités du 6 au 11 décembre 2018.
Pour plus d’informations, télécharger le communiqué du CNDH.

Télécharger le discours du président du CNDH