Pour la promotion des Droits linguistiques et culturels au Maroc
Dans le cadre de la mise en œuvre de la convention de coopération et de partenariat signée entre le Conseil consultatif des droits de l’Homme (CCDH) et L’Institut Royal de la culture amazighe (IRCAM), un séminaire s’est tenu les 8 et 9 juin 2010 au siège de l’IRCAM sur « les droits linguistiques et culturels au Maroc ».L’objectif de cette conférence, qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la convention de partenariat signée entre le CCDH et l’IRCAM, est de mettre en place une vision commune dans la perspective de l’élaboration d’un plan d’action de promotion des droits linguistiques et culturels ».
Cette rencontre, qui vient concrétiser les efforts du Maroc en matière de droits linguistiques et culturels, avait également pour objectif d’approfondir le débat et le dialogue sur le concept des droits linguistiques et culturels, sur les stratégies de promotion et les instruments de leur protection, à la lumière des conventions internationales et des référentiels nationaux.
L’importance de ce débat, auquel ont pris part des représentants des institutions concernées et des acteurs en droits de l’Homme, trouve son origine dans la dynamique créée durant la dernière décennie par les institutions gouvernementales, les organisations non gouvernementales et les acteurs des droits de l’Homme suite à l’intérêt porté aux droits linguistiques et culturels en tant qu’un des fondements de l’édification démocratique et de la promotion des droits de l’Homme, sachant que le pluralisme linguistique et culturel est une source de richesse pour les peuples et une garantie de la sécurité culturelle et la paix sociale.
Intervenant à l’ouverture de cette rencontre, le président du CCDH, M.Ahmed Herzenni a mis en exergue les évolutions qualitatives qu’à connues le Maroc en matière des Droits de l’Homme, ce qui a permis de lancer le processus de renforcement des droits culturels, précisant que l’intérêt que porte le CCDH aux Droits culturels et linguistiques s’inscrit parfaitement dans ses prérogatives en tant qu’institution nationale chargée des Droits de l’Homme et dans ses nouvelles orientations visant à conférer aux Droits linguistiques le même intérêt accordé aux Droits civiques et politiques, eu égard au fait que les droits de l’Homme, qui prennent comme fondement la dignité humaine, sont indivisibles et égaux dans l’importance.
Et M.Herzenni d’ajouter que l’intérêt accordé aux droits culturels impose trois types d’engagements, à savoir, l’engagement au respect, à la protection et à la promotion de ces droits. Concernant ce dernier point, il a indiqué que l’Etat est appelé à prendre les dispositions législatives, administratives, financières et judiciaires nécessaires en vue de mettre en œuvre ces droits de la manière la plus adéquate et garantir, sans discrimination, la pleine jouissance par les citoyens de leurs droits culturels.
De son côté, M.Ahmed Boukous, le Recteur de l’IRCAM a indiqué que la finalité de cette rencontre est de lancer la réflexion et d’échanger les points de vue sur les droits culturels et linguistiques et sur les moyens de leur mise en œuvre dans notre pays. « Nos attentes de cette conférence est de diffuser la culture des Droits de l’Homme et garantir leur appropriation par tous, et d’œuvrer à la mise en œuvre et à l’enracinement des Droits culturels et linguistiques » a-t-il dit, avant de se féliciter, de la place de choix qu’occupe le Maroc à l’échelle internationale en matière de respect et de promotion du pluralisme culturel, attirant l’attention sur la convention de Paris de 2005 qui a été adoptée par les Conseils de gouvernement et des ministres.
La séance de clôture a été marquée par la lecture d’une déclaration générale qui comprend plusieurs recommandations dont:
• L’harmonisation des lois nationales avec les conventions et les traités internationaux
• La reconnaissance constitutionnelle de toutes les composantes culturelles de l’identité marocaine y compris la dimension amazighe, et de la langue amazighe en tant que langue officielle
• L’élaboration d’une stratégie nationale pour gérer le pluralisme culturelle et linguistique au Maroc
• Œuvrer pour l’élaboration d’une charte nationale pour gérer la situation culturelle et linguistique
• La modélisation des coutumes marocaines positives y compris les coutumes amazighes
• Procéder à la relecture de l’histoire marocaine, introduire les corrections nécessaires dans les curricula et se pencher sur la lecture de l’histoire régionale et locale
• Adopter l’approche culturelle lors de l’élaboration des politiques publiques et la préparation du budget de l’Etat, comme c’est le cas pour l’approche genre
• Prendre en considération la composante culturelle dans le projet de régionalisation
• La protection du patrimoine matériel et immatériel des marocains et la préservation des noms des lieux et des figures emblématiques
• Activer l’intégration de la langue amazighe, avec son alphabet Tifinagh dans les secteurs publics et son adoption dans le système de signalisation et au niveau de l’appellation des avenues
• L’intégration de l’enseignement de l’amazigh dans les différents centres de formation, particulièrement les centres de formation des Instituteurs et des professeurs et l’Institut Supérieur National d’Etudes Judiciaires
Il est à rappeler que le Conseil consultatif des droits de l’Homme (CCDH) et L’Institut Royal de la culture amazighe (IRCAM) ont signé en 2008, une convention de coopération et de partenariat qui porte sur la promotion de la culture des droits de l’Homme, l’échange des expertises et de formation dans les domaines les concernant et l’appui et l’implication mutuelle des deux institutions dans des programmes spécifiques définies dans la convention. Parmi les axes de cette convention, la contribution aux programmes de promotion et protection de droits linguistiques et culturels, ainsi que l’appui de la recherche scientifique dans ce domaine