Vous êtes ici : AccueilLe Président de l’Université Kadi Ayad à Marrakech : il faut asseoir et renforcer les canaux de communication entre l’acteur universitaire et le politique en vue d’accompagner le processus de transition

PUBLICATIONS À LA UNE

Bulletin d'information

  • Réduire
  • Agrandir

Le Président de l’Université Kadi Ayad à Marrakech : il faut asseoir et renforcer les canaux de communication entre l’acteur universitaire et le politique en vue d’accompagner le processus de transition

En marge de la 9ème conférence biennale de John Jay Collège of Criminal Justice sur « les sociétés en transition: l’équilibre entre la sécurité, la justice sociale et la transition » organisée du 2 au 5 juin 2010 à Marrakech en partenariat avec le Conseil consultatif des droits de l’Homme, l’Université Cadi Ayad-Marrakech et l’Université Hassan II- Mohammedia, nous avons réalisé l’entretien suivant avec M.Mohamed Merzak, président de l’Université Kadi Ayad à Marrakech.

Quelle évaluation faites- vous de la conférence sur « les sociétés en transition: l’équilibre entre la sécurité, la justice sociale et la transition ?

Les travaux de la conférence ont été axés sur plusieurs questions relatives aux sociétés qui vivent une réelle transition à tous les niveaux : social plus particulièrement, mais également économique et culturel. La conférence s’est en effet penchée sur des thèmes du genre la situation de la femme, la religion, la société, la relation de la culture avec le progrès économique, l’ouverture sur l’extérieur, la régionalisation, les changements administratifs et sociologiques etc.
Je pense que le débat était constructif et fructueux. Il a réunit des participants de plusieurs pays dont certains ont dépassé l’étape de la transition, d’autres qui n’ont toujours pas vécu cette expérience ainsi que les pays qui sont dans une étape transitoire, comme c’est le cas du Maroc qui est classé parmi les pays qui sont dans une étape de progrès et de transition.

Le rapport du cinquantenaire, qui a fait l’évaluation de cinquante ans de gestion de la chose publique au Royaume, s’est arrêté sur une série de transitions qu’a connues le Maroc (démographique, sociale, économique, politique). A votre avis, jusqu’où l’université a accompagné, à travers le débat et la réflexion et en prenant le recul scientifique nécessaire, l’étape transitoire que traverse le Maroc ? Et quel rôle peut-elle jouer dans ce cadre ?

Il est sûr que l’Université a joué un rôle important dans l’accompagnement de cette transition, soit en sa qualité institutionnelle ou à travers les personnes. L’Université a participé en force dans le projet de rapport sur le cinquantenaire, puisque le groupe de travail chargé de l’élaboration de ce rapport était composé d’un grand nombre d’universitaires qui ont contribué d’une manière directe à l’élaboration du bilan de 50 ans de l’histoire du Maroc, dans lequel ils se sont arrêtés sur les progrès réalisés par le pays, les problèmes qui entravent ou qui pourront entraver sa marche vers le développement, tout en traçant les grandes lignes des orientations futures et en déterminant les indicateurs pour les années à venir.

Pour ce qui est de la mise en œuvre des recommandations de ce rapport, l’université s’attèle à ouvrir des débats sur les différents axes évoqués par le rapport. Des chercheurs travaillent actuellement dans différents domaines, l’économie, la sociologie, la femme, et des laboratoires et des groupes de recherche organisent différentes conférences, se penchent sur l’avenir du Maroc et proposent différents axes pour garantir son développement dans différents domaines.
L’université, qui est l’une des composantes de la société, et un observatoire d’expertise et d’expérience, et au regard de la neutralité dont elle jouit, constitue le cadre idoine pour débattre et trancher dans plusieurs questions. Cependant, elle ne le fait pas d’une manière isolée et unilatérale, dans la mesure où le chercheur est tenu de prendre en considération les travaux des autres instances et institutions et de s’ouvrir sur les expériences et les expertises étrangères en vue de tracer la trajectoire que devrait suivre le Maroc pour garantir son développement.
Si on prend la relation entre l’Université et les politiques, est-ce que l’interaction entre les deux parties est suffisamment forte pour permettre aux politiques de prendre en considération les résultats de la recherche universitaire ?

Généralement, on peut affirmer que les débats, les conférences et les recherches que connait l’Université ont des répercussions et des étendues politiques. Aussi, nous œuvrons à transmettre à l’acteur politique les idées qui se créent dans l’espace universitaire académique afin qu’il puisse les élaborer, les développer selon sa vision politique et les traduire dans la réalité sous forme de projets.
La problématique qui se pose dans ce cadre est l’absence de canaux de communication entre les instances politiques et l’Université, ce qui nécessite la mise en place de ces canaux et leur institutionnalisation. Ces derniers peuvent prendre la forme de commissions ad hoc de réflexion, de commissions communes entre l’Université et les élus dans différents domaines, d’échange de visites, et l’instauration de formules de communication périodiques entre les représentants politiques et les universitaires.
On a remarqué que nombre d’hommes politiques ignorent tout sur ce que fait l’Université et sur le rôle qu’elle joue dans le développement du pays. De même que les universitaires ne savent pas nécessairement ce qui se passe dans les partis politiques. La communication entre ces deux parties va permettre de consolider la relation entre l’Université et les instances politiques, de connaître l’image que se fait chaque partie sur l’autre et de déterminer les besoins et les priorités de chaque partie.
Il convient de souligner que nous considérons l’institutionnalisation de la relation entre l’Université et les instances politiques en tant que cadre qui organisera cette relation et garantira sa pérennité loin de tout prototype figé et sans porter atteinte à la neutralité de l’Université, une neutralité qui lui permet de travailler en toute liberté au sein de la société.

Ne considérez-vous pas que l’Université répond plus aux besoins sociétaux urgentes (gestion de la ville, la situation de la femme, etc), alors que la question qui se pose concerne le rôle que devrait jouer l’Université dans le lancement de la réflexion sur l’évolution future du Maroc. Est-ce que l’Université réfléchit sur la manière de dépasser la transition et de gérer les enjeux et les perspectives de l’après transition ?

Je pense que nous avons besoin de toutes les approches pour développer le pays, que ce soit à moyen ou à long terme. Tous les acteurs sont invités, chacun selon ses compétences, à participer aux chantiers lancés par le Maroc. Il va sans dire que l’Université a une place de choix dans ce contexte. L’Institution universitaire a un rôle important à jouer dans l’adhésion aux grands chantiers, à travers la formation des compétences qui répondent aux besoins inhérents à ces chantiers, principalement dans le cadre de la dernière réforme universitaire qui a mis l’accent sur le rôle de l’Université, à côté de la formation, la recherche et la formation continue, dans la participation au développement.

Haut de page