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L'hommage à Stéphane Hessel, le Pacte de Tunisie pour les droits et les libertés, les droits de l'Homme et l'entreprise, et le Conseil national des langues et de la culture Marocaine, tels sont les axes majeurs de cette huitième journée du SIEL

Lors de la huitième journée du Salon international de l’édition et du livre , le stand du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) et de ses partenaires, (le samedi 6 avril 2013), a débattu des questions du Printemps de la dignité des femmes, du Pacte de Tunisie pour les droits et les libertés, de l’égalité des chances et la discrimination contre les femmes au travail, du droit au patrimoine et à la citoyenneté, en plus de l’hommage rendu au défunt Stéphane Hessel.

C’est ainsi que le pavillon a abrité une rencontre sur le Printemps de la dignité des femmes, en présence des symboles de ce mouvement afin de faire la lumière sur l'évolution de la lutte féministe et les contraintes sociales, culturelles et politiques qui font obstacle à la pleine effectivité des droits des femmes sur le terrain.

A cette occasion, les participants ont estimé que la question de l'égalité est cruciale et qu’elle est intrinsèquement liée à la notion de la démocratie réelle. En effet, on ne pourra jamais parler de démocratie sans garantir une bonne représentativité de la moitié de la société au sein des institutions nationales qui façonnent les politiques publiques. Il est aussi nécessaire d'évaluer les principes de parité prévu dans la nouvelle constitution.

En outre, les participants ont souligné lors de cette rencontre que l'éducation aux droits demeure une question centrale et que la spécificité culturelle ne peut en aucun cas constituer un prétexte pour la non mise en œuvre de l'égalité, bien qu'étroitement liée à la dignité humaine des femmes. Ils ont également souligné la nécessité de mettre en œuvre les droits des femmes et d’assurer leur suivi, car malgré l'existence d’un important arsenal juridique en la matière, le quotidien des femmes a peu changé, vu la violence sous ses diverses formes, l'exclusion et les autres exactions dont elles continuent à faire l’objet.

Dans le cadre de la « Géopolitique des droits de l'Homme », le pavillon a reçu le président de l'Institut arabe des droits de l'Homme, M. Abdelbasset Ben Hassan, qui a axé son intervention sur le «Pacte de Tunisie des droits et libertés », un document qui vise à promouvoir les valeurs des droits humains, à consacrer les libertés et à rapprocher la culture des droits de l’Homme du citoyen tunisien. A noter que « presque tous les partis en Tunisie ont signé le Pacte », outre "les représentants de l'Assemblée constituante, toutes les organisations non gouvernementales, les intellectuels, les artistes et plus de cent mille citoyens tunisiens", si bien que le Pacte a acquis une « grande valeur symbolique » dans notre pays frère de Tunisie.

Il convient de signaler que le Pacte, qui s’articule autour de neuf principaux axes, consacre un certain nombre de droits civils et politiques tels que la liberté d'opinion et d'expression, le droit à la nationalité, le droit de ne pas être soumis à la torture, la liberté de croyance, de conscience ainsi que d'autres droits civils et politiques, sans pour autant négliger les droits économiques, sociaux et culturels tels que le droit au travail, le droit à un logement convenable, le droit au développement et le droit de vivre dans un environnement sain ... En plus des droits des jeunes, des enfants, des réfugiés et des immigrants ...

Dans le cadre de la dynamique des commissions régionales des droits de l'Homme, la commission régionale de Casablanca-Settat a organisé une rencontre sur le thème "droits de l'homme et entreprise: responsabilité des entreprises pour lutter contre les formes de discrimination à l’égard des femmes». Cet événement qui a été animé par Mme Nabila Tbeur, directrice exécutive de la Commission a vu la participation de Mme Houria Tazi Sadek, membre de ladite Commission, M. Saad Benkirane, propriétaire d'une agence de recrutement, et M. Mohamed Bachiri, directeur des ressources humaines dans une entreprise privée et président de l'Association pour le développement du capital humain au sein de l’entreprise.

Les intervenants ont abordé les formes de discrimination à l'égard des femmes au sein de l’entreprise et la responsabilité de celle-ci dans la lutte contre ces discriminations. Comme ils ont souligné la nécessité de prendre en compte les spécificités et les différents besoins des hommes et des femmes, de promouvoir l'accès des femmes aux postes de responsabilité et de décision, ainsi que l'élaboration de mécanismes et d’approches à même de garantir cet accès. Aussi, ils ont appelé à la mise en place d’un observatoire de la discrimination à l'égard des femmes et à la mise à jour des statistiques associées au travail des femmes au sein de l’entreprise. Enfin, ils ont souligné la nécessité de développer les connaissances, de mener des campagnes de sensibilisation et de s’atteler au changement des attitudes et des stéréotypes qui conduisent à la discrimination, que ce soit envers les femmes ou les hommes ...

Dans la même foulée, la Commission régionale des droits de l'Homme à Marrakech a organisé un séminaire sur la question du patrimoine à l’aune des droits humains et du développement, en tant que droit fondamental parmi les droits culturels dont doivent jouir tous les peuples. Un sujet qui revêt un intérêt particulier auprès de ladite commission, vue la situation particulière de la place Jamaâ El Fna, classée patrimoine architectural oral et immatériel universels. Les participants ont estimé que l’enjeu réel au niveau de la conservation du patrimoine de l'humanité ne se limite pas uniquement à la recherche de sites, qu'ils soient architecturaux ou naturels, mais que le véritable enjeu est d’ordre à la fois culturel et humanitaire. Il requiert l’élaboration d'une stratégie claire et globale ainsi que la mise au point de mécanismes d'action susceptibles de mettre en œuvre les dispositions des conventions de l’UNESCO et les procédures juridiques à même d’assurer la protection du patrimoine humain. Ceci étant, les participants ont souligné la nécessité de respecter le patrimoine et d’accorder une plus grande attention aux personnes qui le portent et veillent à sa préservation, et ce à travers le renforcement de leur statut économique et social.

Quant aux personnes intéressées à la langue et à la culture, en tant que droit fondamental et levier essentiel du développement, elles étaient au rendez-vous avec un séminaire organisé sur le Conseil national des langues et de la culture marocaine. Au cours de cette rencontre, il a été mis l’accent sur l'importance d'adopter une approche globale et multidimensionnelle lors de la création de ce conseil, en proposant une composition qui englobe des experts en linguistique et en culture, et qu’il soit interactif avec toutes les parties prenantes dans ce domaine. Les participants ont souligné la nécessité de garder à l’esprit toutes les composantes culturelles marocaines approuvées par la Constitution, et mis l'accent sur l'importance de la dimension médiatique et son rôle dans la définition et la promotion de la langue et dans la diffusion de la culture. Il y a aussi lieu, selon les participants, de prêter une attention particulière à la mémoire et en veillant à faire connaître notre patrimoine aux nouvelles générations, tout en s’ouvrant sur les avancées en cours dans ce domaine, eu égard à la place prépondérante qu’occupe désormais l'Internet, au dépend de la langue écrite.

M. Abdellah Bounfour, écrivain et linguiste, a été l’invité de l'espace libre qui met "la citoyenneté au cœur du débat." M. Bounfour a établi un lien entre le concept de citoyenneté et la Révolution française, d’une part et l'évolution de la démocratie en France d’autre part, en mettant en exergue le concept de la démocratie ensoi, en occident et dans les pays en voie de développement. Il a critiqué à cet égard, le principe de l'intervention contre la souveraineté de l'État (droit d'ingérence) et l'intervention militaire pour imposer la démocratie ou un système politique donné à des Etats ignorant tout de ce système.

M. Bounfour a souligné le risque d'oligarchie, une forme de monopole de pouvoir politique par une petite classe de la société qui déteint de l'argent, de l'ascendance ou de l'autorité militaire, appelant ainsi à la création d'un nouveau système qui permet aux Etats en voie de développement d'éviter ce risque qui menace l'État, la société et tout le système des droits de l'Homme.

Au cours de cette journée également, il a été procédé à la présentation d’un livre sur "l’Histoire de Kénitra, ancien port de Lyautey ", un livre sur la mémoire de la ville et qui couvre la période comprise entre 1912-1956. Il s’agit d’un album de photographies dont le but est de préserver la mémoire de la ville de Kénitra, et de fournir la matière première pour classer son patrimoine architectural et réhabiliter les personnalités qui ont façonné l'Histoire de la ville.

La huitième journée des activités du Conseil national des droits de l'Homme a été aussi une occasion pour rendre hommage au défunt militant Stéphane Hessel, né en 1917 à Berlin et décédé cette année à Paris. Antinazi, ambassadeur, écrivain et militant des droits de l’Homme, M. Hessel a contribué à la l’élaboration de la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Il est connu auprès de l'opinion publique pour être un fervent défenseur de la cause palestinienne et des immigrés, en particulier ceux en situation irrégulière. Il a publié en 2010 « Indignez-vous », un manifeste de 32 pages qui a été traduit en 34 langues, dont l'arabe, et vendu à quatre millions d’exemplaires à travers le monde. Le livre défend l'idée que la principale raison de la résistance est la colère.

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